Adenda est intervenue au Cerema Nord-Picardie pour la journée Stationnement « autrement » ? du 17 janvier 2017.
Cette journée a visé à exposer les enjeux du stationnement aux différents acteurs de l’aménagement : élus, collectivités territoriales, services de l’Etat, bureaux d’études, monde universitaire, etc.
Le stationnement est perçu comme une « verrue » au sein du tissu urbain, entraînant congestion, coupures pour les modes doux ou encore imperméabilisation des sols et rupture de la biodiversité. Il s’inscrit pourtant au sein de toutes les politiques urbaines et constitue un élément stratégique d’attractivité. Le stationnement est souvent indissociable de l’habitat, des équipements publics, du commerce ou des lieux de travail.
Les nombreux intervenants de cette journée ont, chacun dans leur spécialité, exposé comment considérer le stationnement « autrement » dans les différentes sphères de l’urbanisme.
La réforme de décentralisation du stationnement payant, prévue dans le cadre de la loi MAPTAM, a été expliquée par Camille Lopez (Cerema Nord Picardie). En effet le stationnement payant va quitter le domaine pénal (amende de 17€) pour intégrer le domanial en 2018, c’est-à-dire que l’automobiliste va s’acquitter d’une « occupation du domaine public » variable selon les quartiers (excepté les zones bleues). Cela donne la possibilité aux collectivités de définir une véritable politique de stationnement, intégrée comme un véritable maillon de la chaîne de déplacement.
Les forfaits de stationnement seront adaptés au contexte propre à chaque quartier : il sera par exemple possible de proposer un tarif très bas pour une occupation courte (30 minutes à 1 heure), puis avec une progression très forte pour une occupation longue, de manière à favoriser la rotation des véhicules devant les commerces ou les écoles. L’objectif est de supprimer la vision d’« infraction », mais plutôt de laisser le choix à l’automobiliste entre régler tout de suite une modeste occupation temporaire à l’horodateur ou payer plus tard le forfait maximum d’occupation de l’espace à longue durée.
Cette réforme entraîne également la mise en place de nouvelles modalités de surveillance, de gestion et de communication par les collectivités, mais constitue une véritable opportunité d’intégrer le stationnement comme une réelle fonction urbaine.
Alain Gignous, Architecte Conseil de l’Etat, propose des agencements pour placer le stationnement judicieusement de manière à économiser de la voirie, premier poste de dépense des collectivités. Il émet également un regard critique sur le traitement normé du stationnement dans les opérations de logements actuelles : en voulant masquer le stationnement (en sous-sol, dans des poches de verdure), on perd en sociabilité et la rue n’est plus tenue. Le stationnement de surface non réglementé est souvent très optimisé par les automobilistes eux-mêmes et est plus facilement mutable à court terme (pour l’accueil du marché, du cirque) comme à long terme.
Deux start up ont exposé leurs solutions innovantes et connectées pour mettre à disposition des citoyens les ressources de stationnement sous-exploitées. BePark, société belge, propose d’optimiser les parkings des bureaux/hôtels/bailleurs/grande distribution pour y faire accéder les résidents environnants, pour le stationnement nocturne par exemple. YesPark se spécialise dans la commercialisation des parkings vacants des bailleurs sociaux parisiens qui représentent 11 000 places disponibles, notamment à destination des employés de bureaux. Ces deux démarches permettent d’apporter des revenus locatifs, de résorber une vacance qui entraîne des problèmes d’insécurité et de désengorger l’espace public.
Néanmoins elles remettent en question les politiques de report modal vers les transports collectifs en offrant un stationnement à destination, participant ainsi à la congestion des centres-villes.
Adenda a présenté la prise en compte de l’enjeu du stationnement de manière opérationnelle dans les opérations d’urbanisme commercial. Les discours formatés du No Parking, No Business sont ancrés dans les mentalités des opérateurs commerciaux et leur transformation est souvent la clé d’un projet urbain réussi. Au travers de trois cas d’études développés par le cabinet, Adenda expose des enjeux de stationnement très divers selon les situations.
D’une part, certains tissus urbains denses ont vu leurs espaces urbains se transformer en parkings pour accueillir l’automobile, posant des conflits d’usage et des coupures urbaines qu’il convient aujourd’hui de résoudre. D’autre part, certains morceaux de villes ont été créés autour de la voiture (comme les zones commerciales périphériques) et doivent aujourd’hui intégrer davantage d’urbanité, notamment à travers la densification pour la reconversion de leurs nappes de parkings.
L’évolution des mentalités des collectivités comme des opérateurs commerciaux est en marche.
D’autres interventions ont également pu exposer le Panorama des méthodes d’inventaire et d’observation du stationnement (Véronique Paput – Cerema Villes et Territoires, Sylvie Mathon – Cerema Nord Picardie), la prise en compte des enjeux paysagers et de biodiversité liés au stationnement dans le PLUI, passant notamment par la mise en place du coefficient de surfaces éco-aménageables qui impose 20% de surface non imperméabilisée sur le parking des futurs projets (Ellie Deloffre et Olivier Asselin – Métropole Européenne de Lille) ou encore la mise en place du Plan de Déplacement des Entreprises (PDE) par l’Université Catholique de Lille (Adrien Fioen).
Voir les présentations de la journée Le stationnement « autrement » ? (Cerema Nord Picardie, 17 janvier 2017).